Être introverti, c'est grave docteur ?

EDUCATIONMANAGEMENT

11/23/20205 min read

AUJOURD'HUI JE VOUS PARLE D'UN SUJET QUI ME TIENT À COEUR

parce qu’il est encore trop méconnu et dénigré…

Ce sujet, c’est l’introversion

.Plusieurs fois dans ma vie, j’ai été confrontée à la méconnaissance de ce qui se cache vraiment derrière ce terme.

On m’a par exemple un jour expliqué que je n’étais pas retenue pour un poste parce que la personne pensait que j’étais introvertie.

Point.

Pas « on pense que vous êtes plutôt introvertie et que cela ne collera pas avec l’ambiance de l’entreprise »ou encore que « pour ce type de poste, on recherche plutôt un profil extraverti ».

Non ce qu’on m’a dit c’est « on pense que vous êtes introvertie ». Comme si ce mot suffisait en lui-même à expliquer que je ne sois pas prise.

A l’inverse quelqu’un voulant un jour me défendre m’a dit qu’il arguait que j’adorais faire la fête et que j’avais un excellent relationnel pour prouver que je n’étais pas introvertie.

Mais les introvertis aussi peuvent aimer faire la fête et être super sociables 😊… Être introverti, ce n’est pas ne pas aimer les gens. C’est, entre autre, avoir besoin de moments de calme, seul, pour se ressourcer.

J’aimerais casser cette vision de l’introverti comme étant un timide, limite pathologique qui, n’a pas confiance en lui et n’aime pas les autres.

D’abord parce que je trouve triste que l’introversion soit perçue comme une tare alors que c’est une force différente qui concerne 30 à 50% de la population.

Ensuite parce qu’il y a trop d’enfants qu’on essaie de faire entrer dans un moule qui ne leur correspond pas. Ils développent un manque de confiance en eux, tout simplement parce qu’on leur a imposé un idéal différent de ce qu’ils sont. Comme le dit si bien Héloïse Junier « Octroyer à l’enfant la liberté d’être lui-même, et non celui que l’on voudrait qu’il soit, n’est-il pas le plus beau des cadeaux qu’on puisse lui faire offrir ? »

ALORS L'INTROVERSION ET L'EXTRAVERSION C'EST QUOI EXACTEMENT ?

Pour faire très court : ce sont deux façons d’être au monde et de récupérer de l’énergie.

L’introverti puise son énergie essentiellement dans son monde intérieur.

Contrairement à l’extraverti qui récupère de l’énergie lorsqu’il est stimulé par l’extérieur, l’introverti a besoin de calme et de solitude pour se ressourcer. Cela ne l’empêche pas d’avoir un besoin de vie sociale, au même titre que les extravertis.

L’introversion n’est pas de la timidité : quelqu’un de timide n’ose pas aller vers les autres, alors qu’il en ressent le besoin. Ce n’est pas le cas de la personne introvertie qui recherche ces moments de solitude.

L’introversion c’est également une préférence pour le monde intérieur (son propre monde intérieur, mais aussi celui des autres), le monde des pensées, plutôt que le monde des signes extérieurs. Les personnes introverties sont souvent très observatrices ce qui leur confère un sens plus aigü de l’analyse des gens et des situations.

Voilà pour les grandes lignes, et plutôt qu’un long discours, j’ai préféré vous faire un récap en image :

JE VOUDRAIS MAINTENANT VOUS ILLUSTRER LES CONSÉQUENCES D'UNE MAUVAISE COMPRÉHENSION DE L'INTROVERSION

C’est une petite fille qui se fait peu de copines: 1, 2 voire 3 amies. Pas plus mais celles qu'elle a sont de supers amies.

Elle reste facilement seule dans la cour de récréation (notez bien que cela ne lui pose AUCUN problème).

Elle préfère un bon livre plutôt que d’aller jouer au square.

A côté de ça, elle interagit tout à fait bien avec les autres enfants quand elle se retrouve en groupe et elle-même est une petite fille très épanouie.

Mais les adultes autour d’elle s’inquiètent qu’elle n’ait pas plus de copines et redoutent qu’elle ne soit pas sociable.

Vous l’aurez compris, cette petite fille a davantage un profil introverti.

Elle est poussée à faire plus d’activités en groupe, à rester au centre aéré afin de développer sa sociabilisation.

Alors que jusqu’à présent tout allait bien, cette petite fille commence à se sentir mal. Elle ne sait pas exactement dire pourquoi mais elle ressent une pression de l’extérieur. Elle a l’impression de ne pas bien faire. Elle comprend qu’elle doit aller vers les autres mais elle sent que ça la fatigue énormément. Alors elle commence à douter d’elle. Elle se demande si elle est normale, elle appréhende les commentaires des adultes « Mais pourquoi tu ne vas pas voir untel ? », « Ne sois pas timide voyons ! », « Allez fais un effort pour t’intégrer, sois gentille »,…

Petit à petit elle va devenir plus timide, elle va appréhender le regard des autres. Lorsqu’elle reste au centre aéré le soir, elle se sent épuisée, elle ne rêve que de retrouver son cocon pour se ressourcer.

Nous l’avons dit précédemment, un introverti a besoin de se retrouver seul, dans le calme pour recharger ses batteries. C’est ce qui lui permet, ensuite, d’aller de nouveau vers l’extérieur, d’interagir avec les autres.

Quand, avec les meilleures intentions du monde, on pense aider cette petite fille en la poussant à aller vers les autres, en la mettant davantage en collectivité, on la met au contraire davantage en difficulté. Elle a encore moins de moments pour se ressourcer et se retrouver seule et surtout elle risque de se couper d’elle-même et de ses besoins.

POUR ALLER PLUS LOIN
  • Vous avez un enfant qui vous semble peu sociable, je vous invite à lire l’article d’Héloïse Junier sur les pros de la petite enfance. Elle nous explique comment reconnaître ce trait de caractère et surtout comment le prendre en compte pour accompagner notre enfant dans le respect de sa personnalité.

  • Si vous êtes ou avez dans votre entourage personnel ou professionnel quelqu’un d’introverti, regardez la video de la BBC sur le sujet. Vous comprendrez alors mieux le rapport au monde d’un introverti mais aussi d’un extraverti. Chaque profil a ses forces et ses faiblesses.

  • Et pour entrer encore davantage dans le sujet, je vous recommande l'article (en anglais) de positive psychology.